Vespéral – La Mort de l’Âme (Chronique)

Vespéral – La Mort de l’Âme (Chronique)

Vespéral revient en 2025 avec son deuxième album, La mort de l’âme, paru le 11 avril dernier. Le projet, qui réunit des musiciens issus notamment de Conifère et d’Ossuaire, s’était déjà fait remarquer en 2023 avec Nuit blanche. Enregistré à Montréal l’an dernier et mis en forme par Tehom Productions, l’album confirme la personnalité du groupe au sein de la scène black métal québécoise. La pochette signée Nakkabre, sombre et élégante, cadre bien avec les thèmes explorés ici : la maladie mentale, la solitude, et plus largement une forme de mélancolie existentielle.

Dès les premiers instants, une guitare sèche résonne, dépouillée, comme un fil fragile tendu dans l’obscurité. Un chant choral vient s’y poser, solennel et lointain, donnant l’impression d’assister à une cérémonie funèbre ou à une prière pour l’âme perdue. C’est une entrée douce mais chargée de gravité, une sorte de prélude à la perte de soi, qui installe tout de suite l’émotion au cœur de l’album. On a l’impression d’être pris entre le recueillement et l’abîme, avant que la tempête ne se lève.

Quand les guitares atmosphériques et les rythmiques plus intenses prennent le relais, l’album déploie pleinement ses couleurs. Les critiques l’ont remarqué : les mélodies sont addictives, enracinées dans l’esprit du black atmo des années 90, mais avec une approche moderne et personnelle. Ce qui frappe, c’est la manière dont Vespéral réussit à conjuguer noirceur et énergie, en laissant parfois surgir des élans plus crus, presque punk. La batterie, nerveuse et directe, porte ce côté punky qu’on aime déjà chez Conifère et qui apporte un souffle particulier ici.

Les voix accentuent encore ce sentiment de tension et de fragilité. Tantôt écorchées, tantôt désespérées, elles prennent même par moments une tournure quasi punk dans leur rage brute, comme dans Souffle glacial. À d’autres moments, ce sont les synthés discrets, cosmiques, qui ouvrent des espaces de respiration et d’étrangeté. Cette alternance fait qu’on reste toujours en mouvement, entre les élans épiques et les instants plus contemplatifs.

Là où Nuit blanche avait servi de mise en place, La mort de l’âme apparaît comme un disque plus solide, mieux produit et plus sûr de son langage. Les guitares gardent une clarté étonnante même dans les passages les plus denses, et la production réussit à donner de l’espace sans lisser l’agressivité. Ce qui en ressort, c’est un album qu’on peut réécouter sans fin, chaque écoute révélant une nuance ou une tension nouvelle.

Au final, Vespéral signe une œuvre sombre et mélodique, habitée par une énergie viscérale et une sincérité qui frappe. Ça respire la nuit, la souffrance et l’errance, mais aussi une forme de beauté dans l’abandon de soi. Dans le paysage du black atmosphérique québécois, c’est un jalon qui mérite toute l’attention.


Vous pouvez retrouver Vespéral sur bandcamp


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