Après avoir chroniqué Attente Éternelle – que vous pouvez retrouver ici – We Hold The Truth a eu la gentillesse de nous accorder une entrevue exclusive. L’occasion de plonger plus profondément dans leur univers, de découvrir leur processus créatif, leurs influences et la manière dont ils donnent vie à ce mélange unique de puissance et d’émotion. Entre réflexions sur la condition humaine, équilibre entre brutalité et passages plus contemplatifs, et souvenirs de scène mémorables, le groupe nous livre un regard sincère et passionné sur sa musique et son parcours.
Vos textes semblent explorer des thèmes sombres mais profondément humains. Quelles émotions ou réflexions vous cherchez avant tout à transmettre à travers les paroles d’Attente Éternelle ?
Vous tapez juste en mentionnant le côté sombre mais humain des paroles. On cherche en effet à mettre en exergue les tourments de la condition humaine, ses contradictions, ses comportements (auto-)destructeurs. En évoquant la dépression, la persécution ou en conjurant une fin du monde basée sur des inégalités mortifères et une apocalypse climatique, on touche à des sujets qui parlent directement à notre audience, des sujets qui sont vécus. La violence de ce réalisme s’harmonise parfaitement avec celle du black metal qu’on produit.
Quand vient le temps d’écrire vos chansons, est-ce que les paroles naissent en premier ou est-ce plutôt la musique qui dicte le ton et les images ?
C’est la plupart du temps la musique qui naît en premier, mais JNK notre chanteur a toujours plein d’idées en cours d’élaboration de côté, et en fonction de ce que lui inspire l’ambiance d’un nouveau morceau, il va s’enfermer dans son laboratoire, peaufiner tout ça, et après on adapte la structure pour que cela colle à la vision qu’il souhaite dévoiler.
Comparé à votre premier EP, en quoi sentez-vous que Attente Éternelle marque une évolution de votre style et de votre identité sonore ?
Tout d’abord, on a exploité ce qui, avec du recul, avait bien fonctionné sur le premier EP, et inversement, nous n’avons pas ou peu persévéré dans ce qui semblait à l’époque être de bonnes idées et qui nous plaisent un peu moins maintenant. Du coup l’ensemble est plus cohérent, et on pense avoir trouvé notre style. Et c’est pareil pour le son. Un enregistrement est aussi le reflet d’une époque donnée, et au fur et à mesure ne garder que ce qui traverse le temps nous permet de concentrer l’essentiel de notre essence.
On retrouve beaucoup de nuances dans vos compositions, entre brutalité et passages plus contemplatifs. Comment arrivez-vous à équilibrer ces deux pôles sans perdre l’intensité de votre propos ?
Clairement, nous ne sommes pas un groupe d’ambiance. Mais ces passages sont réellement importants pour créer du relief, un effet de contraste avec le reste. Comme pour la compression audio, si tu gommes les reliefs, tu perds la dynamique, et c’est pareil pour un morceau. Mais ces moments plus calmes sont vraiment là pour être au service de la chanson, et pas une fin en soi.
Quelles sont vos principales influences, qu’elles viennent du métal extrême ou d’autres univers musicaux, et comment réussissez-vous à les transformer en quelque chose qui reste “We Hold The Truth” ?
Certains d’entre nous sont tombés il y a plus longtemps que les autres dans le black metal, mais nous avons tous des influences qui balayent un spectre vraiment large. Il n’y a qu’à nous voir dans un karaoké metal pour s’en convaincre ! Et même quand chacun amène des petites touches qui viennent d’univers qui peuvent sembler peu compatibles, au final ça reste du “We Hold The Truth”. Quelques fois ça se fait tout seul, et parfois faut travailler pour que tout s’emboite comme il faut.
Vos concerts semblent jouer un rôle important dans l’identité du groupe. Quels souvenirs de scène vous ont particulièrement marqués, positivement ou même difficilement ?
Ce n’est pas facile de choisir un concert en particulier. Chacun apporte son lot de plaisir. Peut-être le concert au Ferrailleur qui est une scène importante pour nous. Les concerts à l’AK shelter à St Herblain et au Kraken à Cherbourg ont aussi été exceptionnels avec un public en folie et le genre de concert où tous les membres se regardent à la fin en se disant “putain quelle date !”
Quand vous êtes sur scène, qu’est-ce que vous cherchez à provoquer chez les gens qui vous écoutent et vous regardent ?
Il y a deux aspects importants. La claque immédiate, visuelle, sonore. Ça, plein de groupes savent le faire. Mais l’important c’est aussi l’après, quand le public a encore dans la tête, longtemps après la dernière note jouée, le souvenir des images et des mélodies entendues, alors là c’est gagné. Et si en plus le message porté trouve un écho dans leur conscience, là on ne peut pas rêver mieux.
Comment s’est déroulé le processus d’enregistrement de Attente Éternelle ? Avez-vous rencontré des défis particuliers en studio pour arriver à ce son dense et cohérent ?
La batterie a été enregistrée au studio le Batiskaf à Nantes où on répète assez souvent. Tout le reste a été enregistré en DI. Le son et le mix ont été réalisés par Patrick de chez WSL, et c’est vrai qu’on est plutôt très content du résultat. Le seul réel défi a été l’attente, quand on attend son “bébé”, ça ne va jamais assez vite !
Dans le métal extrême, l’imagerie a souvent un rôle aussi fort que la musique. Quelle importance accordez-vous à l’aspect visuel (pochettes, clips, mise en scène) dans votre univers ?
L’univers visuel tient effectivement une place importante dans notre style. C’est quelque chose que nous continuons de travailler en ajoutant progressivement des éléments sur scène pour renforcer l’ambiance de nos morceaux, même si la musique reste l’élément central pour nous. Nous avons aussi fait appel à un artiste pour travailler nos visuels pour la sortie de notre nouvel EP. Nous n’avons pas encore de clip, mais c’est en projet.
Comment recevez-vous le regard extérieur (chroniques, critiques, retours du public) ? Est-ce une source de motivation, ou préférez-vous garder une certaine distance ?
On ne recherche vraiment pas les éloges des critiques, même si c’est toujours agréable d’en recevoir, on va pas se mentir. Mais l’important c’est vraiment le ressenti du public. Quand à la fin d’un concert, des gens viennent te dire à quel point ils ont aimé ton show, ça te donne vraiment la motivation pour avancer.
Comment percevez-vous la scène métal locale et internationale aujourd’hui ? Est-ce une source d’inspiration ou plutôt un environnement compétitif ?
On ne voit pas du tout la scène metal sous un angle de compétition. Nous faisons de la musique avant tout pour nous, nullement pour se comparer ou nourrir des ambitions. Et avant d’aimer jouer de la musique, nous aimons surtout en écouter. On est donc toujours avide de découvrir des artistes et d’entendre ce que les artistes qu’on aime créent de nouveau.
Quelles sont les prochaines étapes pour We Hold The Truth après Attente Éternelle ? Peut-on s’attendre à un album complet, de nouvelles collaborations, ou davantage de concerts ?
Au niveau des concerts, il va y avoir un léger ralentissement du fait de changements personnels dans la vie de deux de nos membres (changements ultra positifs mais qui prennent du temps !). Mais on va rediriger cette énergie dans d’autres aspects, comme de nouveaux morceaux qui sont en cours de composition, certainement un nouvel enregistrement, et autre chose de plus… visuel on va dire, mais ça sera la surprise !
Un grand merci à We Hold The Truth pour leur disponibilité et leur sincérité lors de cette entrevue. Leur passion et leur engagement envers leur musique transparaissent dans chaque mot, et c’est un véritable plaisir de pouvoir partager leur univers avec vous. Obscurium Webzine suivra de près leurs prochaines sorties et projets, et vous tiendra informés des prochaines étapes du groupe.
Vous pouvez suivre We Hold The Truth et découvrir Attente Éternelle sur leurs réseaux sociaux et plateformes de streaming habituels : Facebook, Instagram, Bandcamp.
