Nothzog - Exitus (Chronique) | Obscurium Webzine

En l’an de disgrâce deux mille vingt-cinq, sous un ciel de cendres et de fer, advint le premier manifeste de Nothzog, enfant solitaire des brumes teutonnes. Exitus se nomme l’ouvrage, et d’emblée, sonne comme un glas, profond et solennel.

Les premiers accords, tel le fracas d’une porte antique qu’on défonce, portent l’empreinte des grands forgerons du Nord germanique. On y reconnaît sans peine le souffle grave d’Eisenkult, la fureur de Atronos, peut-être même l’ombre d’Heimdall’s Wacht, marchant d’un pas lourd dans les ruines. Les guitares y tissent un voile de fer et de vent, tranchant et mélancolique, où chaque riff résonne comme un écho du Walhalla en flammes.

La voix, rauque et possédée, ne déclame point, elle invoque. C’est un cri d’homme seul, jeté au-dessus des collines mortes, où la foi s’est éteinte mais où la mémoire brûle encore. Dans cette rage se cache un ordre, une volonté d’édifier, comme si la ruine elle-même devenait temple.

Cependant, car nulle œuvre n’est sans faille, l’oreille avertie discernera quelque étrangeté du côté des tambours. Ces percussions, fort justes et métrées, semblent par instants frapper non point de chair et de peau, mais d’une alchimie mécanique, venue d’un autre âge. On dirait qu’un sorcier des temps modernes a soufflé son art dans les rouages d’une machine oubliée. Le rythme, un peu trop enchaîné au click, manque parfois de cette irrégularité vivante qu’on attend d’une transe rituelle. Mais qu’on se rassure, la ferveur du reste submerge ce léger artifice.

Car Exitus n’est point un album fait pour le décor, mais pour l’épreuve. Il exige de son auditeur la patience du pèlerin et la ferveur du croyant. Et lorsqu’on s’y abandonne, on y trouve un souffle rare, celui d’un artisan sincère, qui forge seul dans sa nuit une œuvre à son image, rugueuse, sincère et empreinte d’une noble désolation.

En somme, Exitus est un premier sceau prometteur, un acte de foi dans le feu et la solitude. Si les tambours s’adouciront peut-être avec le temps, l’âme, elle, est déjà là, noire, droite et fière.