
À la suite de notre chronique de Manifest II, nous avons souhaité prolonger l’échange en allant au-delà de l’écoute et des premières impressions. Cette fois, c’est Nith lui-même qui nous éclaire sur la démarche de Mesfetor, la signification de ce second manifeste et les réflexions qui l’animent. Une entrevue écrite, brute et sincère, pour approfondir les thèmes abordés dans l’œuvre.
Tout d’abord, merci d’avoir accepté cette entrevue et de prendre le temps de répondre à nos questions autour de Manifest II.
Manifest II aborde l’islam à travers une réappropriation des codes antireligieux du black metal. Peux-tu nous en dire plus sur ce choix thématique et ce que tu voulais mettre en avant ?
Très juste en effet, j’utilise les codes traditionnels du black metal, mais il me semble important de les inscrire dans des thématiques actuelles.
Alors, pourquoi ce choix ? D’abord par esprit de contradiction, par aversion absolue envers les mahométans, et aussi parce que je vois trop peu de groupes français avoir les couilles d’aborder ce sujet, autrement plus problématique que le christianisme.
J’ai voulu traiter ce thème depuis la genèse du projet, en évitant bien sûr de faire du Svolder ou du GBK. Mon approche est certainement plus identitaire.
Quand tu composes, est-ce que tu pars d’une idée conceptuelle (le thème de l’album) ou de la musique brute qui s’impose à toi ?
Un mélange des deux. J’ai la chance d’avoir beaucoup d’idées sur les concepts et les thèmes à aborder (c’est d’ailleurs pour cette raison que je synthétise ces idées en Manifestes).
D’une certaine manière, partir d’une ligne directrice m’aide probablement à composer et à aligner ces concepts sur la musique.
Tout ça vient très naturellement et je veux que ça reste ainsi. Si sophistication il y a, elle se doit d’être naturelle et brute. Sinon, elle est abandonnée.
Quels ont été tes principaux défis artistiques ou techniques lors de la création de Manifest II ?
Je souhaitais d’abord éviter une redite de Manifest I, m’affranchir de certaines influences toulonnaises que je jugeais un peu trop évidentes au moment de composer la suite.
La volonté ardente d’avoir des textes en français.
Autre point important : la question du mixage. Travaillant sur du matériel ancien, je voulais absolument obtenir un son plus clair, plus limpide.
C’est dans l’ensemble une mission réussie selon moi.
Comment décrirais-tu l’évolution de Mesfetor entre Manifest I et Manifest II ?
Instinctive et naturelle.
Peux-tu nous parler de tes influences musicales, qu’elles soient issues du black metal ou totalement extérieures à la scène ?
Si l’on reste sur un plan strictement musical pour le projet, je dirais en premier lieu les premières sorties black metal des pays de l’Est (Pologne, Russie, Ukraine), la scène toulonnaise, et je me dois clairement de citer le vieux rock/heavy ainsi que le punk.
Est-ce que tu considères Mesfetor comme un projet purement individuel ou comme une entité qui pourrait évoluer avec d’autres collaborations ?
En principe, c’est un projet purement individuel. Cependant, ayant eu des groupes par le passé, je sais aussi à quel point l’aide de musiciens talentueux peut parfois magnifier un projet.
De plus, j’ai pour ambition de porter Mesfetor sur scène, donc la question d’un line-up se pose forcément !
Le black metal est souvent associé à une esthétique crue et radicale. Comment travailles-tu l’équilibre entre violence sonore et atmosphère dans ta musique ?
Dans mon cas, je pense que c’est la résultante de plusieurs éléments, notamment du matériel analogique que j’utilise.
J’avais pour ambition d’obtenir le même son que certains albums que je considère comme des influences majeures dans Mesfetor, je pense par exemple aux premières sorties du Blazebirth Hall (Forest et Branikald en tête), Lunar Poetry de Nokturnal Mortum et bien d’autres.
Tout est instinctif dans ce projet.
Si Mesfetor sonne comme ça, c’est parce que j’ai en horreur les merdes camouflées par des filtres qui surproduisent ou salissent artificiellement des compositions médiocres.
Au début de Mass Grave Ecstasy, il y a un petit moment qui dure à peine quelques secondes et où l’on peut entendre un effet de phasing ou de comb filtering. Y a-t-il une anecdote derrière ce passage ?
Ce n’est en rien un effet volontaire, haha ! Juste un magnifique artefact issu du matériel analogique que j’utilise pour enregistrer. Et j’ai bien fait de le laisser tel quel, visiblement !
Quelle importance donnes-tu à la production sonore et à l’enregistrement dans l’identité de Mesfetor ?
C’est simple : depuis le début, je ne vois pas Mesfetor autrement qu’avec une production poussiéreuse et sentant le charnier.
Un savant mélange entre une production de caractère, mais qui reste suffisamment audible pour qu’on puisse en comprendre les subtilités.
C’est d’ailleurs pour cette raison que je rejette formellement cette appellation de merde de Raw Black Metal, qui de toute évidence ne me concerne pas dans la mesure où je suis capable de composer des riffs intéressants et que je ne cherche certainement pas à les camoufler.
Quand tu réfléchis à l’avenir de Mesfetor, est-ce que tu imagines chaque Manifest comme un chapitre indépendant, ou comme un ensemble qui finira par former une œuvre globale ?
Oui, chaque chapitre est indépendant, mais les fondations sont communes.
Je pense les paroles de manière à ce qu’elles puissent se faire écho, d’une manière ou d’une autre.
Est-ce que ce fonctionnement durera dans le temps ? Nous verrons bien !
Pour terminer, y a-t-il un sujet que nous n’avons pas abordé et que tu aimerais partager ? As-tu un dernier mot ou un message pour les personnes qui suivent Mesfetor ?
Un simple merci, à toi, et aux personnes soutenant le projet d’une manière ou d’une autre.
N.