
Il est des disques qui ne cherchent pas à séduire, mais à écraser. Avec Misanthropic Path of Carnal Deliverance, paru le 25 avril 2025, Hexekration Rites livre une œuvre qui se dresse comme un mur de violence et de lourdeur. Pas d’introduction enjôleuse, pas de détour atmosphérique pour amadouer l’oreille : la matière sonore est brutale, massive, impitoyable. Ce n’est pas une expérience contemplative, c’est une convocation à l’épreuve, une marche forcée dans les ténèbres les plus opaques du black/death français.
Le trio parisien, déjà remarqué pour une démo et deux EP, signe ici son premier long format après plusieurs années de gestation et de révisions en studio. On sent ce perfectionnisme dans la densité des compositions : chaque riff, chaque battement de batterie, chaque inflexion vocale participe à ce cataclysme sonore où tout respire l’obsession et la rage. La production frappe par son équilibre rare dans un registre aussi extrême : les guitares abrasives ne noient pas la basse, qui martèle avec une lourdeur tellurique, et la batterie résonne organiquement sans tomber dans le plastique.
L’univers de l’album repose sur une logique rituelle. Les morceaux portent des titres comme The Grimoire of Insanity, Apocalyptic Sermon ou Bestial Rites of Doom, et s’enchaînent comme des incantations. Loin du chaos gratuit, Hexekration Rites impose une discipline dans son écriture : motifs récurrents, transitions fluides, refrains incantatoires. On pense parfois à la sauvagerie impie d’Archgoat ou à la frénésie martiale de Revenge, mais avec une dimension plus structurée, presque cérémonielle.
Le visuel signé Chris Moyen achève de donner corps à cette vision. Symbole de sacrifice et de transcendance, il traduit la philosophie du groupe : un chemin d’illumination par la destruction, où la haine et la misanthropie ne sont pas des fins en soi mais des armes pour s’affranchir de l’humain. C’est là que réside la singularité de Misanthropic Path of Carnal Deliverance : un extrémisme sonore mis au service d’une quête spirituelle.
En concert, Hexekration Rites renforce encore cette approche, privilégiant l’intensité et la communion dans la souffrance plutôt que la multiplication des apparitions. Cet album, déjà taillé pour la scène, en porte l’empreinte : des riffs qui claquent comme des fouets, des crescendos qui prennent à la gorge, et une voix qui se pose comme une malédiction.
Sans chercher l’originalité forcée ni la séduction mélodique, Hexekration Rites impose une offrande totale : un black/death rituel, massif et sans compromis, qui mérite sa place parmi les sorties les plus marquantes de 2025.