Abadir – Antikosmos (Chronique)

Abadir – Antikosmos (Chronique)

C’est en Italie que l’on prend la route pour découvrir Antikosmos, le nouvel album d’Abadir, paru le 30 juillet 2025 chez Unholy Dungeon Tapes. Derrière ce projet, un duo formé de Askios aux guitares, à la basse et à la batterie, et de Δ au chant, au mix et au mastering. Un duo seulement sur le papier, car l’univers qu’ils convoquent donne l’impression d’une entité totale, compacte, où chaque élément sonne comme une extension de l’autre.

L’album porte bien son nom : Antikosmos, le contre-monde, une plongée dans un espace où l’ordre et le chaos se frôlent constamment. Les thématiques se nourrissent de paganisme et d’une quête métaphysique sombre, et l’on sent que les morceaux cherchent à transcrire un regard personnel, presque intime, sur ces forces. Il ne s’agit pas de paganisme « folklorique », mais d’une approche plus spirituelle, ancrée dans une vision de l’homme face au vide et à l’infini.

Musicalement, Abadir propose un black metal qui s’inscrit dans une tradition sans tomber dans la redite. La production est volontairement brute mais suffisamment claire pour laisser respirer les instruments – un équilibre délicat que le duo maîtrise bien. Les guitares se taillent la part du lion, avec des riffs tranchants qui n’hésitent pas à se répéter pour bâtir des climats hypnotiques. La batterie suit avec justesse, tantôt martiale, tantôt en retrait pour laisser l’atmosphère s’installer. Le chant de Δ, quant à lui, se veut incantatoire, plus proche de la transe que de l’agression frontale, ce qui renforce l’aura occulte du disque.

Parmi les titres, « Thymos » ressort comme un pivot. Sa construction semble plus réfléchie, presque rituelle, et il est facile de comprendre pourquoi le groupe le met en avant. On y trouve à la fois l’énergie brute et la profondeur spirituelle qui définissent l’album.

L’artwork, également signé Δ, prolonge ce travail de cohérence. Tout est pensé comme un tout : son, image, intention. On sent une volonté de rester fidèle à une démarche artisanale, où l’artiste garde le contrôle sur chaque aspect. C’est une force dans un monde musical souvent éclaté entre des intervenants multiples.

Si l’on devait reprocher quelque chose à Antikosmos, ce serait peut-être un certain manque de variété dans les riffs, mais ce défaut peut aussi être perçu comme une qualité : la répétition crée une atmosphère obsédante, en accord avec les thèmes abordés. Ce n’est pas un album qui cherche à séduire immédiatement, mais plutôt un disque qui s’installe, qui exige de l’auditeur une immersion complète.

En définitive, Abadir signe avec Antikosmos une œuvre solide, sincère et cohérente, qui ne cherche pas à réinventer le black metal mais à le pratiquer comme un acte spirituel et créatif. Dans un paysage saturé de projets interchangeables, cet album mérite qu’on s’y attarde – et qu’on le laisse résonner, jusqu’à ce que le vide devienne palpable.


Antikosmos est disponible en cassette auprès de Unholy Dungeon Tapes, ainsi qu’avec du merchandising (t-shirt).
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